Géo-patrimoine du monde – la Chine

La Chine a mené ces dernières années une politique volontariste de mise en tourisme de son patrimoine géologique, avec la création de plusieurs dizaines de géoparcs nationaux et internationaux. Nous vous emmenons à la découverte de trois d'entre eux dans la province du Gansu.
Geopark UNESCO de Dunhuang

Le géoparc de Dunhuang, situé là où le corridor du Hexi débouche sur le désert du Taklamakan, existe depuis 10 ans.

On y rencontre principalement des géomorphosites typiques des déserts de sable: champs de dunes, oasis et yardangs - des formations rocheuses sculptées par (l'eau et) le vent.

Géotopes naturels et culturels visités
  • Les grottes bouddhistes ornées de Mogao, creusées dans des falaises de grès bordant une rivière, et témoins du grand brassage culturel le long de la route de la soie
  • Les dunes de Dunhuang et le lac du Croissant de Lune, une oasis maintenue aujourd'hui artificiellement
  • Les yardangs, témoins de l'érosion presque totale d'une épaisse couche sédimentaire le long de réseaux de failles
Geopark UNESCO de Zhangye

Le géoparc de Zhangye se situe dans le corridor du Hexi, à la limite du plateau tibétain.

La région intéresse principalement les géologues pour la ceinture ophiolitique gardant la trace d'un océan datant de 500 millions d'années. Cependant, ce sont les montagnes colorées qui attirent les foules: des reliefs monoclinaux très érodés, sous climat aride - donc sans végétation - dont les strates de sédiments marins zèbrent à perte de vue le paysage de rouge, jaune ou blanc.

Géotopes naturels et culturels visités
  • Les montagnes colorées
  • Les monastères troglodytiques de Matisi, taillés dans des parois de grès
Geopark UNESCO de Linxia

Le géoparc de Linxia, reconnu par l'UNESCO en 2024, regroupe plusieurs sites du bassin supérieur du Fleuve Jaune (province du Gansu).

Dans ce gigantesque bassin tectonique, encadré de grandes failles, les sédiments se sont accumulés depuis le Crétacé. Ils ont livré de magnifiques pistes de dinosaures puis de nombreux et précieux fossiles de mammifères. Tout cela a été recouvert, au Quaternaire, par d'épais dépôts de loess dont l'érosion, toujours très active, colore les eaux du Fleuve Jaune.

Géotopes naturels et culturels visités
  • La plaine alluviale de la Daxia, près de Xiahe
  • Le lac de Bingling et les grottes bouddhistes de Binglisi taillés dans les grès et conglomérats

La visite de ces géoparcs (et de quelques autres: Kuqa dans le Xinjiang, Qinling Zhongnanshan dans le Shaanxi, Shilin dans le Yunnan) a été bien trop superficielle pour exprimer un avis éclairé sur le géotourisme en Chine. C'est pourquoi nous ne conclurons cet article que par quelques observations subjectives.

Tout d'abord, le géopatrimoine que donne à voir la Chine est extraordinaire et sa reconnaissance internationale n'est de loin pas usurpée - en particulier pour la tectonique du continent asiatique, la géomorphologie et la paléontologie. Pourtant, la plupart des sites visités nous étaient inconnus avant la préparation du voyage!

Nous avons été marqué par la très forte intégration du patrimoine culturel et naturel dans la constitution des ces geoparks. Il est arrivé plus d'une fois de découvrir lors de la visite d'un site historique ou religieux qu'il faisait également partie du géoparc régional.

La mise en tourisme des sites est sans aucune mesure avec ce que l'on peut voir en Europe, à l'exception peut-être de quelques icônes. Ici, tout est aménagé à l'extrême: les centres de visiteurs sont de la taille d'un aéroport, un flot ininterrompu de cars assurent les déplacements d'un point à l'autre du site, les cheminements sont tous revêtus et encadrés par des kilomètres de barrières et surveillés par des caméras, jusqu'en plein désert. Mais ces aménagements sont en rapport avec l'affluence que connaissent ces sites. Par exemple, Dunhuang a accueilli 10 millions de visiteurs pour le seul premier semestre de 2025!

Sans jamais poser le pied sur le terrain, pressés par des flots de visiteurs, notre expérience de visite a souvent manqué d'authenticité et de sérénité, d'autant plus que nous sommes soumis au vrombissement des drônes, des bus et des tours en hélicoptère... Ici on vient surtout pour la vue et pour ramener un selfie sur fond de rocher ou de sable.

Du point de vue de la médiation de la géologie, on trouve dans presque chaque site des panneaux, souvent en partie traduits en anglais (pour les rares touristes non chinois). La qualité est très variable: parfois incompréhensible pour tout non-géologue, parfois bien vulgarisé et illustré, toujours très succinct. Certains sites majeurs sont également équipés d'un musée dédié à la géologie, parfois très bien conçus (Dunhuang et, croyons-nous savoir, Linxia). Comme mentionné plus haut, la majorité des visiteurs vient avant tout pour l'attrait esthétique des formes et pour leur dimension culturelle.